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Histoire du Tango

publié le dimanche 10 janvier 2016

Comprendre, raconter et partager le tango :
Origines musicales, sociales et historiques du tango - Partie n°1

Pour cette première année nous allons ouvrir notre catalogue historique par l’histoire du tango. Mais, puisque le conservatoire devient aussi un conservatoire de danse, cet historique aura pour objet non seulement les origines musicales mais, parallèlement, les origines du tango en tant que danse.

Pour commencer, le tango, musique et danse, appartient indiscutablement aux villes de Buenos Aires en Argentine et de Montevideo en Uruguay, mais cette communauté du Rio de la Plata s’est, en fait, peu à peu emparée des pratiques de musique et de danse très anciennes d’origine noire (candombe, tango, milonga) pour construire ce patrimoine de musique et de danse. Effectivement, le fond musical et anonyme de cette zone est la base de cette musique qui va connaître au cours du XXe siècle une expansion mondiale.

Rappelons qu’après la mort de Carlos Gardel, le tango est devenu un mythe ce qui a entretenu la confusion sur ses origines. Le tango de Gardel est en fait une des aventures du tango.

L’aspect poétique, linguistique et surtout social du tango est à considérer. En effet le tango est essentiellement en relation avec les forces dominantes sociales des différents moments du développement urbain du Rio De La Plata.

Début du XXe siècle, la société portègne est métissée. La Boca, le fameux quartier que l’on peut bien souvent admirer sur les cartes postales ou les sites dédiés à Buenos Aires, voit jusqu’à 12 000 immigrants arrivés par mois. On parle déjà plusieurs dizaines de langues et de dialectes dans différents quartiers de Buenos Aires, dans ces patios appelés conventillos autour desquels les logements d’une pièce se succèdent, abritant les familles.

On parle italien, espagnol, français, russe et le cocoliche, argot italianoargentin, fait son apparition. Bien sûr, la communauté noire, installée depuis 1772 à l’époque de la vice-royauté, était aussi très présente à travers le métissage de deux siècles déjà. Commençons d’ailleurs par là.

En 1788, les danses appelées tambos et autres danses de la communauté noire, contrevenant aux lois divines, font scandale à l’extérieur des villes. On aura noté l’usage du terme tambos au lieu de tangos, les deux termes étant indifféremment utilisés dans les textes de l’administration de cette époque.

Les tambos bailes de negros, tangos de nègres, sont des danses et des jeux de tambours des noirs qui seront malgré tout autorisés, en 1795, les dimanches et jours de fête et feront partie des carnavals, tour à tour interdits au cours du XIXe siècle, sans doute par crainte de démonstrations hostiles au pouvoir, puis autorisés définitivement en 1854. Il semble donc qu’il s’agissait de musique de tambours proche du Candombe qui se pratique encore aujourd’hui au carnaval de Montevideo.

On trouve aussi dans les documents des traces de Habanera, danse des milieux marginaux et des bas-fonds, prohibée dans les salons à Montevideo. Dans ces carnavals, les jeunes Blancs apprirent des Noirs leurs tangos, demandant même à ces derniers de leur apprendre à jouer du tambour. Ils inventèrent une musique métissée, ni blanche, ni noire. En 1874, des groupes de Blancos-Negros nommés Negros lubolos se formèrent. Les premiers signes d’une chorégraphie originale, sous la pression des danses européennes de salon, que les Noirs recomposent, se fait jour également. Une nouvelle musique et une nouvelle danse portègnes sont nées. Sans ce métissage des cultures, le tango n’aurait pas existé.

À noter, concernant le terme tango, que par voie de conséquence les négriers appelaient tango l’endroit où ils parquaient les esclaves avant l’embarquement. En Amérique, on appela tango le lieu où on les vendait mais aussi les lieux fermés où l’on entreposait les tambours des noirs, les tambos.

Les premières traces écrites connues du tango de la fin du XIXe siècle sont :
- en1897 : la composition du pianiste Rosendo Mendizàbal : El Entrerriano.
- en1899 la composition du pianiste Manuel O.Campoamor (uruguyien) mais habitant Buenos Aires : El Sargento Cabral.
Fin de cette première partie. À très bientôt à l‘inauguration, fin janvier 2016.

Sylvie Hoffenbach-Jallu